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Euthanasie et colère

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 Euthanasie et colère

 

Je suis depuis hier en train de mener une réflexion sur le rapport à la mort en France et bien sûr, l’euthanasie. C’est un travail long car c’est un sujet complexe, je ne sais pas quand je le terminerai, ni même si je le mettrai en ligne.

 

Sur l’euthanasie, la première chose qu’il faut dire, c’est que dans tous les cas, la loi va changer car les Français sont à 92 % pour l’évolution vers la possibilité de fin de vie volontaire et l’aménagement de l’agonie. Il n’y a aucun sujet aussi grave qui ait une telle unanimité.

 

Les opposants sont, principalement, une infime partie des catholiques, qui étaient aussi les plus farouches opposants au mariage pour tous avec les dérives que l’on a vue.

 

Il se trouve qu’aujourd’hui, il y a dans l’actualité un cas qui est exactement représentatif de ce qu’une loi évoluée sur le sujet permettrait de régler dans la douceur de l’intimité d’un dialogue avec des médecins.

 

Pour sortir du nominatif, cette situation humaine pourrait comporter un enfant adulte, rendu tétraplégique et avec des facultés mentales minorées, maintenu ARTIFICIELLEMENT en vie depuis cinq ans, deux parents catholiques qui veulent que l’on prolonge les soins artificiels qui maintiennent leurs fils et une fratrie adultes, qui n’en peut plus de voir leur frères dans les affres d’une prison corporelles avec un cerveau dont on ne sait rien si ce n’est qu’il est en faculté minorée, et qui souhaite que l’on arrête.

 

Bien entendu, je sais moi, en tant que père, ce que je demanderai dans un tel cas. Il n’y a pas plus de divin dans le maintien en vie infini que dans l’arrêt des soins. Et une agonie rendue éternelle est le pire des calvaires.

Je sais aussi la douleur d’un deuil inachevé qui s’éternise pour une fratrie aimante. C’est quelque chose qu’on ne peut comprendre, je crois, sans l’avoir vécu. Cela se manifeste par un désespoir, une incapacité à prendre des décisions, à se mouvoir dans sa vie parce qu’on attend un événement terrible qui ne vient pas. Et quand on essaye de se dire que c’est fini, même si ce ne l’est pas encore, on sait, au fond de soi, que ce n’est pas vrai.

Quand un deuil réel s’estompe avec le temps, celui-là se ravive sans cesse au point de laisser des séquelles irrémédiables de dépression.

 

Malgré cette position qui est la mienne, je suis respectueux de la justice et dans un cas aussi douloureux, je ne projette pas mes convictions sur une famille, je les énonce juste et les fais connaitre.

 

Ma colère ce matin a été d’entendre un avocat de parents discourir sur la peine de mort et l’exécution. Il a assimilé les médecins qui obéiraient au commandement du serment d’Hippocrate « Je ne prolongerai pas inutilement l’agonie » à des bourreaux.

Cette comparaison est ignominieuse, il y avait peut-être des arguments philosophique, religieux, sociologique mais cette présentation d’un acte de compassion, d’humanité envers un mourant artificiellement prolongé dans l’agonie comme une exécution, me fait honte pour l’intelligence collective de l’humanité.

L’Euthanasie est avant tout un acte d’humanité. Criminaliser cet acte et placer des enfants ou de jeunes adultes, sa femme, sa famille, en position de commanditaire d’un crime alors qu’ils ne veulent que soulager une mort artificiellement prolongée est la pire des insultes que l’on puisse faire.

 

Alors, avançons et légiférons et faisons-le rapidement puisque nous sommes d’accord. Parce que les opposants sont dans le dogme et l’outrance et ils ne reculent devant aucune contre vérité, aucun raccourci, aucune insulte. Ils voient dans la souffrance la main de leur Dieu et n’accepte aucun aménagement de la fin de vie dans la douceur.

Moi qui suis plutôt dans la tolérance, je le dis aujourd’hui à cet avocat « honte à vos dogmes, allez souffrir vous-même et laissez partir les mourants dans la douceur et l'amour de leurs proches »

 

PK

 

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