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Légiférer sur les signes religieux ?

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Signes religieux

 

Il suffira d’un signe….

 

Cela fait maintenant 2 mois que je suis accroc à twitter. Aucun hasard dans cela, j’écris depuis des années sur tout et n’importe quoi. Pour la première fois, fin octobre 2013, j’ouvre twitter, je vois passer un twitt de Pierre Bergé très remonté contre les cathos qui, eux, l’insultent. Sans expérience des interactions twitter, je lui envoie un lien vers un texte de mon blog, sur le paradoxe des religions et la nécessaire tolérance. Il me dit l’apprécier, me retwitte et devient mon premier follower. 

 

Sans que ce geste simple ne me donne aucune légitimité auprès de ce grand homme sur les autres textes que je produis, sa critique a été un vrai plaisir car je relativise toujours les appréciations bonne ou mauvaise de mon travail par l’estime que j’ai pour la source du compliment.

 

Ce geste de Pierre Bergé est donc tout simplement un honneur pour moi et j’en suis fier. Il est à l’origine de mon goût pour ce joyeux melting-pot cacophonique qu’est Twitter.

 

C’est donc ainsi que ce matin en me levant, je tombe sur ce débat :

 

  1. Les gens voulant forcer musulmanes à retirer leurs voiles sont aussi sexistes que ceux les forçant à en porter car nie leur libre arbitre.

     
  2. sauf qu'ils justifient ça en disant voile= oppression des femmes donc on tourne en rond

     
  3. Mais je suis contre la dernière loi votée contre la prostitution, elle considère les femmes comme des mineures.

     
  4. tout comme l'interdiction éventuelle du voile avec une dose de néocolonialisme

     
  5. Oui, enfin n'oubliez pas non plus que le voile est réapparue très très récemment au magrebh

     
  6. et puis il ya des femmes voilées très ouvertes par rapport à d'autres femmes laicistes

     
  7. oui, ça ne fait pas du voile un signe d'ouverture. Il faut voir aussi les raisons du port.

 

 

 

 

 

 

Ce qui est caractéristique de tout débat politique, philosophique ou religieux de ce type c’est que chacun projette à la fois ses peurs et ses envies et raisonne en circuit plus ou moins fermé. Certains argumenteront à charge contre le voile musulman, d’autres pour la liberté de le porter, certains penseront cornettes et soutanes, et d’autres Hare-Krishna.

 

Et tout cela devient cacophonie, parce que justement la simple règle de la tolérance et de la liberté d’autrui conduit indifféremment aux deux extrêmes

 

- de l’interdiction totale des signes d’appartenance pour préserver la nation, la coexistence

Ou

- de la liberté totale de les porter pour préserver le droit individuel à la différence

 

Et les deux me sont aussi désagréables l’un que l’autre.

 

Dans ce type de débat, mon rationalisme ordinaire aime simplifier les données du problème. Le premier réflexe que j’aurais serait donc d’aller voir le droit à la différence.

 

En effet, si on oubli le côté porteur de sens religieux, prosélyte, des symboles, à qui viendrait-il à l’idée, maintenant, d’aller critiquer une Bretonne en coiffe, un ouvrier en bleu, un pompier ou un amiral en uniforme, une femme en pantalon ou en robe, ou plus communautairement caractérisés, peut-être, une antillaise en boubou, un punk en Iroquois, un gothique en noir et chaines argentées, ou même une de ces sculptures humaines, qui se transposent physiquement le corps à coup d’incrustation, de piercing, de limage de dents.

 

Quand je dis « à qui ? », j’entends bien « qui en croisant l’une de ces personnes se sentirait dérangé au point de lui demander de se changer ou de se cacher, pour ne pas heurter la paix civil ».

 

Et là, en ramenant la réflexion uniquement sur la liberté d’apparence, on en arrive déjà à la question du « ça dépend où ».

 

Et effectivement, il est légitime de faire la différence entre les grandes agglomérations, cosmopolites où, on a l’habitude de croiser un peu tous les styles avec une certaine curiosité bienveillante (ou indifférente), les quartiers typés, comme les quartiers chinois, indien, arabe, antillais… ou les communautés se retrouvent et enfin les petites villes et villages de France, qui sont eux aussi des communautés avec des dress codes.

 

Et toujours en évitant l’écueil religieux, on s’aperçoit naturellement, que, qui qu'on soit, qu’on ne peut pas s’habiller n’importe comment, n’importe où.

Je n’ai rien contre les uniformes, mais si pour une sortie scolaire un gendarme, un militaire, un pompier met son uniforme hors propos pour encadrer une sortie civile, je serais gêné.

 

Inversement, si je me rends dans le 13éme à Paris, et qu’une maman du quartier chinois porte des habits traditionnels, alors que 90 % des enfants sont effectivement d’origine asiatique, cela ne me pose aucun problème.

 

Et bien sûr, j’aurai la même tolérance pour toutes les communautés, et le même rejet pour toute personne qui voudrait imposer par son image un style volontairement provocateur dans le milieu où il évolue, surtout s’il s’agit d’enfants.

 

La liberté d’apparence n’est donc pas un droit absolu en tout point du territoire mais bien plutôt à relativiser en fonction du lieu et de la fonction occupée.

 

En ce qui concerne la scolarité, il est donc primordial de laisser à la fois un libre arbitre et une autorité déléguée aux responsables d’établissements pour moduler le droit en fonction du meilleur choix avec les enfants qui font la population de leurs écoles. C’est justement ce qu'édicte le Conseil d’Etat.

Mais ce sont aussi les raisons pour lesquelles le législateur n’a pas à intervenir sur le plan national pour autoriser ou interdire tel ou tel accessoire vestimentaire.

On ne peut pas légiférer sur l'apparence sans relativiser la portée des textes au contexte.

 

En revanche, l’obligation de se présenter à visage découvert dans les administrations ou pour un contrôle d’identité apparait comme une évidence, qui vient en droite ligne du mot Egalité de la devise nationnale.

 

Une fois positionnées les limites de l’apparence, il est plus facile de parler des signes religieux qui ne sauraient avoir plus de droit que la simple image de soi.

 

Force est de constater, en France, que depuis les années 50 les signes religieux catholiques sont de plus en plus discret, si on oublie les traditionnalistes qui pour faire beaucoup de bruit, restent un mouvement marginal de l’église. On voit de moins en moins de nonnes et de prêtres en habits et aucun (ou presque) des catholiques n’arbore de signe de foi ostentatoire.

 

Inversement, depuis les années 2000 partout dans le Maghreb et chez les musulmans de France les signes ostensibles d’appartenance à l’Islam apparaissent.

Je dis bien apparaissent et non pas réapparaissent, parce que le port du voile ne sont pas des traditions universelles en Turquie, Egypte, Liban, Libye, Tunisie… et encore moins chez les musulmans de France.

 

En fait la mise en avant du voile est un phénomène plus politique que religieux : face à la corruption des élites politiques dans des pays qui n’ont pas réussis la transition démocratique du nord Afrique, le voile comme d’autres symboles servent à affirmer une honnêteté du croyant en la religion face aux administrations corrompues.

 

De la même manière en France, avec la paupérisation et la dérive des quartiers à fortes populations immigrés, le voile des femmes est une manière d’affirmer les bonnes mœurs en face d’autres filles déconsidérées.

 

Pour discuter régulièrement avec des amis Marocains notamment, le port du voile se fait souvent à la demande du mari, car il le considère comme une marque de respect pour lui en même temps que l’affirmation de la bonne moralité de sa femme.

Demande dont le degré de pression dépend directement de la relation du couple.

Bien entendu, je ne nie pas la volonté que peuvent avoir certaines femmes de s’affirmer musulmanes, néanmoins, je ne considère pas le voile comme un signe d’émancipation féminine, mais bien comme un signe religieux ostentatoire, souvent contraire au sens de l’évolution laïque de la France.

Sans aucune envie de l’interdire, il me semble légitime de demander, et je dis bien demander, aux musulmans d’en restreindre l’usage et surtout l’aspect.

 

Et j’ai les mêmes demande vis-à-vis de toutes les religions, pas de législation, juste du savoir vivre ensemble.

 

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